Adaptation, Traduction & Mise en scène Cyril COTINAUT & Sébastien DAVIS
Arrangements musicaux Sébastien DAVIS
Scénographie Rachel VERDONCK
Lumière Emmanuel PESTRE
Distribution (ordre aphabétique)
Julien AUBRUN - Lucullus, un serviteur, le peintre...
Cyril COTINAUT alter. avec Frédéric DE GOLDFIEM -
Apémantus, Sempronius, un serviteur
Sébastien DAVIS - le DJ (musique électronique en direct au plateau)
Aliénor DE GEORGES - Lucius, un serviteur, la nymphe (chanteuse)...
Yann LHEUREUX - Timon d'Athènes
Thomas ROUSSELOT - Alcibiade, des serviteurs...
Rachel VERDONCK - Scénographie et régie plateau en direct
Cyrielle VOGUET - Flavius
Production TAC.Théâtre & ARPA.
Coproductions Théâtre National de Nice-CDN de Nice Côte d'Azur / Auditorium Jean Moulin-Arts Vivants en Vaucluse-Le Thor
Soutiens Dispositif Fabrique Mimont-Cannes / L'EntrePont-Nice / Forum J. Prévert-Pôle Régional de Carros
Aide à la création DRAC Lorraine / Conseil Régional de Lorraine / SPEDIDAM
Octobre 2015 Fabrique Mimont - Cannes & ERAC (06)
Janvier 2016 Work in Progress - Festival Shake Nice! / Théâtre National de Nice - CDN de Nice Côte d'Azur (06)
Juin 2016 L'EntrePont - Nice. (06)
Septembre 2016 Auditorium J. Moulin - Le Thor (84)
Octobre 2016 Théâtre National de Nice-CDN Nice côte d'Azur (06)
Décembre 2016 Forum Jacques Prévert - Pôle Régional de Carros (06)
2 décembre 2016 Création au Forum Jacques Prévert - Pôle
Régional de Carros (06)
19/20/21 janvier 2017 Festival Shake Nice! Théâtre National de Nice (06)
24 janvier 2017 Auditorium Jean Moulin - Le Thor (84)
27 mai 2017 Théâtre élizabéthain - Centre Culturel de l'Entente Cordiale Hardelot -Condette (62)
11/12 janvier 2018 Théâtre G. Philipe - Scène conventionnée de Frouard (54)
6 février 2018 Théâtre Antoine Vitez - Aix-En-Provence (13)
9 février 2018 Auditorium Jean Moulin - Le Thor (84)
23/24 mars 2018 Théâtre Ici et Là - Mancieulles (54)
7 Août 2018 Fort Antoine - Monaco
19 Octobre 2018 Le Sémaphore - Port-De-Bouc (13)
Genèse du projet
Après cinq années passées sur le théâtre antique grec, conclues par la production de la trilogie Les Enfants d’Atrée - Agamemnon / Eschyle > Electre / Sophocle > Oreste / Euripide,
Shakespeare s’est imposé comme une évidence.
Aborder aujourd’hui Shakespeare, c’est continuer notre recherche autour d’un vieux théâtre dont les échos, les vibrations, les répliques agiteraient encore notre monde. Voilà précisément ce que
nous recherchons : l’endroit de la résonance universelle, celle qui transcende les lieux, les époques, les mœurs. Celle où l’humain a toujours été ce monstre, cet orgueilleux, ce génie, ce sage,
ce fou… Un endroit du passé qui ressemblerait à s’y méprendre à cet endroit d’aujourd’hui et qu’il conviendrait d’explorer pour mieux se comprendre. Et voilà ce que nous permet Shakespeare : une
exploration de l’Homme parmi les autres hommes. Son théâtre semble traversé par une question essentielle, fondamentale, insoluble : comment pouvons-nous vivre les uns avec les autres ? Sur quels
fondements, idéologies, règles, espoirs et désillusions ?
Ce qu’il y a de clair et d’évident, que personne ne peut ignorer, c’est que la nature nous a tous créés et coulés en quelque sorte dans le même moule, pour nous
montrer que nous sommes tous égaux, ou plutôt frères. Et si, dans le partage qu’elle a fait de ses dons, elle a prodigué quelques avantages de corps ou d’esprit aux uns plus qu’aux autres, elle
n’a cependant pas voulu nous mettre en ce monde comme sur un champ de bataille, et n’a pas envoyé ici bas les plus forts ou les plus adroits comme des brigands armés dans une forêt pour y
malmener les plus faibles. Etienne de La Boetie, Discours sur la servitude volontaire.
Timon d’Athènes, la plus actuelle des pièces de Shakespeare.
Écrite en 1607-1608, probablement à quatre mains par les dramaturges anglais William Shakespeare et Thomas Middleton, Timon d’Athènes relate la vie de Timon, riche citoyen d’Athènes et son
basculement de la philanthropie à la misanthropie.
Timon est riche. Plutôt que de garder sa richesse pour lui-même, il la dépense dans le but d’améliorer la vie des autres. Soudainement ruiné, accablé de dettes, Timon se tourne vers ses
amis. Trahi, il s’exile en hurlant à la face du monde sa rage et sa haine de l’humanité.
Dans son dénuement, le hasard met sur sa route une mine d’or. Cet or, autrefois utilisé à procurer du bonheur, devient alors le poison d’une société au bord de sa destruction, en proie au
désordre, à la peur, au nationalisme.
Notre spectacle vise à démonter et montrer des mécanismes sociaux stériles et serviles: ou comment la peur est le principal obstacle au bonheur que seule la liberté peut procurer.
Ici, il s’agit de la peur de donner, de tout perdre, la peur de manquer, de faire confiance aux autres. La peur de se libérer. Et au final, le choix de la servitude.
Dans ce schéma, l’argent devient alors capital, la perte du capital devient dette, la peur de la pénurie crée la pénurie. Méfiance, séparation des classes sociales, montée de la contestation, du
mécontentement, de la violence, du populisme, de la propagande, du nationalisme, du tout-sécuritaire...
Dans un monde en crise, au bord du chaos, Shakespeare nous montre que l’argent est une divinité difficile à vaincre, que l’homme - son esclave - préfère sa servitude confortable à une liberté
risquée. Il constate qu’il serait facile à l’humanité de sortir de son marasme si seulement elle s’en donnait les moyens, mais que la peur de l’autre est précisément ce qui l’en empêche. Il nous
invite enfin à voir, à travers le parcours de Timon, de quelle façon l’homme le plus doux, le plus humaniste, peut se transformer à son tour en bête sauvage.
Mise en œuvre du projet.
Cinq acteurs jouent tous les rôles - sénateurs athéniens, artistes bourgeois, serviteurs fidèles ou précaires, prostituées, indigents révoltés... - et construisent des groupes sociaux qui
virevoltent autour d’un Timon aussi radical dans sa confiance en l’homme que dans sa haine de l’humanité.
A travers la méthode de répétition dite de l’Etude, nous avons retraduit Shakespeare avec nos six acteurs, pour redonner à sa langue la modernité, la clarté et la diversité des registres de
parole: langue aristocratique des notables, trivialité grivoise des bourgeois, langage de la rue de l’homme du peuple.
Nous y avons ajouté d’autres matières textuelles, auteurs et citations qui font écho, approfondissent ou orientent la pièce. Shakespeare flirte ici avec Etienne de La Boétie (Discours sur la
servitude volontaire), Machiavel (Le Prince) ou encore Karl Marx qui voyait en Timon d’Athènes un exemple parfait du pouvoir de l’argent.
Ce que l’argent peut acheter, je le suis moi-même, moi le possesseur de l’argent. (...) Ce que je suis n’est donc nullement déterminé par mon individualité. Je
suis laid mais je peux m’acheter la plus belle femme. Donc je ne suis pas laid, car l’effet de la laideur, sa force repoussante, est anéanti par l’argent. L’argent est une divinité invisible qui
transforme les choses en leur contraire. Mon argent transforme toutes mes impuissances en leur contraire. Karl Marx, à propos de Timon d’Athènes - Manuscrits de 1844
Le spectacle est ponctué par la musique d’Henry Purcell (qui a écrit pour Timon d’Athènes), adaptée et modernisée dans des versions tantôt acoustiques, tantôt électros.
La scénographie enfin est fidèle au retournement de situation de Timon: de la prodigalité au vide total. Dans un joyeux mouvement de valse, tout ce qui appartenait à Timon lui est volé et le
plateau devient alors espace vide, propice au dialogue philosophique.
Le Poète : Comment va le monde?
Le Peintre : Il s’use, Monsieur, à mesure qu’il grandit...
W.Shakespeare, Timon d’Athènes A.I