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Hamlet Requiem – L’acteur, l’élément capital d’un chef-d’œuvre

Le Centre Dramatique des Villages du Haut-Vaucluse donne, le 5 mars 2022, la pièce ‘Hamlet Requiem’ par la compagnie TAC Théâtre, au Théâtre du Centre départemental du superbe village de Rasteau. Mise brillamment en scène par Cyril Cotinaut, ‘Hamlet Requiem’ est une variation théâtrale, portée par quatre acteurs qui interrogent par le jeu la question même de leurs rôles – celui du personnage, celui de l’acteur sur la scène et celui du théâtre pour l’humanité.

 

Hamlet Requiem – D’après Hamlet de William Shakespeare – TAC. Théâtre (Travail de l’Acteur en Création) – Mise en scène Cyril Cotinaut.
Spectacle théâtre à voir au Centre départemental de Rasteau, le 5 mars 2022 – 20H30.
Événement à venir dans le cadre du Programme 2021 – 2022 du Centre Dramatique des villages du Haut-Vaucluse

« Quelque part, les acteurs seraient les témoins d’une forme de résurrection. Shakespeare n’est pas mort tant qu’il y a des acteurs qui prêtent leurs corps et leurs voix pour porter son message, le message de la création. »

Cyril Cotinaut, metteur en scène

Cyril Cotinaut, metteur en scène

Si Cyril Cotinaut demande à ses acteurs de ‘disséquer’ le chef-d’œuvre d’Hamlet de William Shakespeare, c’est, non seulement, pour nous permettre d’en saisir toute la portée philosophique et universelle, mais également pour valoriser le travail de l’acteur.

Rencontre avec Cyril Cotinaut pour Hamlet Requiem

Danielle Dufour Verna/Projecteur tv –Bonjour Cyril Cotinaut. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Cyril Cotinaut – Je dirige une compagnie qui s’appelle le TAC ThéâtreTravail de l’Acteur en Création, ce qui donne la couleur et qui est au centre de mon travail. Je suis metteur en scène depuis plusieurs années. Je ne suis pas sûr du chiffre, mais je pense être à mon dixième spectacle

DDV – Vous dîtes que l’acteur est au centre de votre travail. C’est ce qui a motivé cette mise en scène dans Harlem Requiem où le travail de l’acteur qui est au premier plan?

« Le spectacle est un glissement permanent de la langue de Shakespeare à la langue des acteurs »

Cyril Cotinaut –Absolument. Il y a déjà deux choses : dans la pièce d’Hamlet en elle-même, il y a déjà du théâtre dans le théâtre. Hamlet fait appel à des comédiens pour pouvoir faire émerger la vérité. Donc, cela m’a intéressé. Qu’est-ce que c’est cette vérité dans un art de l’illusion qu’est le théâtre. Est-ce que, grâce au théâtre, on peut faire émerger une certaine vérité ? Et la deuxième chose, c’est que j’utilise beaucoup les méthodes liées à l’improvisation et dans mes précédents spectacles, j’étais frustré de ne montrer que le résultat et jamais le processus de travail de l’acteur. Un acteur, ce n’est pas seulement quelqu’un qui apprend un texte, c’est quelqu’un qui a une vie, qui a une expérience des choses. J’ai donc demandé aux acteurs d’improviser puis nous avons écrit ensemble, notamment une comédienne qui a perdu son père il y a quelques années, qui raconte en fait l’enterrement de son père et ce qu’elle raconte de sa vie personnelle, en fait, est très en lien avec Hamlet qui a cette sensation de vide, d’absurdité, quand son père est mort.

L’acteur est vraiment au centre au sens où, à la fois, il incarne Hamlet, mais il fait aussi appel à sa propre expérience. Le spectacle est un glissement permanent de la langue de Shakespeare à la langue des acteurs. Tout le travail a été cela, un glissement qui soit imperceptible de façon à passer d’une langue classique à une langue contemporaine. Ce n’est pas une sensation de rupture, c’est au contraire de la fluidité des acteurs et des personnages. La première phrase de l’œuvre de Shakespeare, c’est quand-même ‘Who’s there’, qui est là ? Cela a été mon point de départ, qui est là, sur le plateau, est-ce-que ce sont des gens ou déjà des personnages de fiction. On joue sur cette ambiguïté, la personne et le personnage.

DDV –C’est très philosophique tout cela.

Cyril Cotinaut – Oh, c’est extrêmement philosophique. Je mets beaucoup de philosophie dans mon travail. L’histoire, la fable, en elle-même, m’intéresse moins que le thème central. Hamlet, c’est quand même la pièce la plus montée aujourd’hui en Occident. La question qu’on pourrait se poser : pourquoi cette pièce-là plutôt qu’une autre ?

DDV –Pour l’universalité de la destinée, l’universalité de ses propos ?

Cyril Cotinaut – Oui. Est-ce qu’on a le droit de se venger ? Hamlet, c’est un mythe moderne.

DDV- Violent ?

Cyril Cotinaut – Non, il n’est pas violent. Quand vous prenez la tragédie grecque, quand il y avait une injonction de vengeance, ils ne se posaient pas la question. Hamlet, c’est une sorte de mythe moderne au sens que, peut-être, c’est le premier personnage qui va réfléchir avant d’agir. Il dit lui-même que sa conscience fait de lui un lâche dans le sens où il ne va pas aller venger son père. Disons que c’est un mythe moderne au sens où on a un personnage qui réfléchit, qui n’obéit pas à des injonctions du spectre, c’est-à-dire d’un phénomène surnaturel comme un dieu ou un fantôme.

DDV –Le thème de la folie, vous l’avez mis en exergue également ?

« Si le monde est fou, et que le théâtre est un reflet du monde, est-ce que le théâtre lui-même doit montrer cette folie ou peut-être corriger cette folie ? »

Cyril Cotinaut – oui tout-à-fait. En fait le spectacle est porté par deux acteurs et deux actrices qui jouent tour à tour Hamlet. On part de la fin, du moment où Hamlet est mort et il demande à son ami Horatio de raconter son histoire. J’ai imaginé comment son ami va raconter l’histoire d’Hamlet. Il y a toute une part de cette enquête -une enquête qui ne dit pas son nom mais c’est une enquête quand-même- où on pose la question : Est-il fou ? On aborde donc la question de la folie. Un acteur prend plutôt la partition de celui qui dit : ‘-en fait, c’est une simulation’, c’est du théâtre, et un autre qui dit –‘non, psychanalytiquement, il est dérangé, il y a de quoi le rendre fou.’ Toute une partie du spectacle tourne autour de est-il fou, ne l’est-il pas et qu’est-ce-que cela veut dire être fou. Si le monde est fou, et que le théâtre est un reflet du monde, est-ce que le théâtre lui-même doit montrer cette folie ou peut-être corriger cette folie ?

DDV – Quel est votre message, celui de faire réfléchir ou de prendre position ?

« J’invite le spectateur à réfléchir à l’acte théâtral en lui-même. »

Cyril Cotinaut –Non, c’est plutôt dans la réflexion. J’invite le spectateur à réfléchir à l’acte théâtral en lui-même. Pourquoi des gens vont continuer à aller au théâtre, en fait, alors que vous avez Netflix etc. A la fois on dit : la culture est évidente, elle est essentielle, mais cela m’intéresse de poser réellement la question du pourquoi. Je crois qu’à-travers cette pièce, ce dont on parle in fine, c’est de dire que les acteurs prêtent leurs corps et leurs voix à des personnages qui sont eux-mêmes les émanations de personnes qui ont vécu. Shakespeare est un être, forcément il y met un peu de lui-même. Quelque part, les acteurs seraient les témoins d’une forme de résurrection. Shakespeare n’est pas mort tant qu’il y a des acteurs qui prêtent leurs corps et leurs voix pour porter son message, le message de la création.

DDV – Pensez-vous, comme Hamlet, que nous vivons une époque désenchantée, ou plutôt, un tumulte désenchanteur ?

« Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. »

Cyril Cotinaut – Il dit bien ‘Time is out of joince’, hors de ses gonds. C’est une des comédiennes qui interprète une part d’Hamlet qui est vraiment sur ce crédo-là, c’est-à-dire, le monde va mal ; enfin, l’homme est hypocrite ; on ne trouve pas un honnête homme sur dix mille ; il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. Alors, oui. Après, moi, je me suis amusé à construire un dialogue autour de cela. Elle défend plutôt cette vision-là et d’autres acteurs qui interprètent aussi Hamlet ont une vision un peu différente. En tous cas, elle, est une actrice qui porte vraiment cette idée que le monde est complètement détraqué et dit « -destin maudit, pourquoi tu es venu pour le réparer, pour mettre en place ce monde ? ». Est-ce que c’est une des fonctions du théâtre et de l’art de réparer le monde ? Moi, je crois, en tout cas. Le théâtre pour moi n’a jamais été une finalité, c’est un moyen, pour moi et pour les spectateurs qui viennent, un moyen de comprendre le monde. La finalité est toujours spirituelle ou philosophique comme vous disiez, mais ce n’est qu’un moyen. Tant mieux si c’est divertissant, tant mieux si on apprend des choses, mais pour moi, il s’agit plus d’une quête de sens, de compréhension du monde, de l’humain, de phénomènes comme la mort. On est vraiment dans cette idée-là que c’est un moyen de faire surgir la vérité du monde.

DDV – On dit souvent de Shakespeare qu’il n’est pas l’auteur de ses pièces. Est-ce que cela vous pose question ?

Cyril Cotinaut – Nous posons la question pendant le spectacle.

DDV – Est-ce que Shakespeare, le dramaturge vous inspire ? Est-ce qu’il oriente votre point de vue ? Auriez-vous donc fait la même mise en scène si l’auteur n’était pas Shakespeare ?

Cyril Cotinaut – J’avais posé un jour la question à mon maitre russe parce que j’ai fait une école de théâtre russe. Il aurait répondu de cette façon-là, donc je vais vous répondre de la même manière. Peut-être que ce n’est pas Shakespeare, que ce n’est pas un seul homme, en tout cas ça a été écrit. Que ce soit dans l’esprit d’un homme ou de plusieurs hommes, cela ne change pas grand-chose au final, la chose existe. C’est la seule certitude que nous ayons, c’est que le texte existe. Oui, peut-être c’est une invention, ou ils étaient plusieurs etc. Ce texte-là existe et il veut dire quelque chose. Que ce soit un montage de plusieurs écrits ou un seul écrit, cela n’a pas beaucoup d’influence pour moi du moment que ça a été fait.

DDV –Vous avez joué la pièce dernièrement à Nice. Comment l’a accueillie le public ?

« Comme dirait Peter Brook, la mort du théâtre c’est l’ennui. »

Cyril Cotinaut – On a vraiment beaucoup de succès avec cette pièce-là. C’est très déconcertant dans la mesure où on ne raconte pas complètement l’histoire. C’est une adaptation. Le succès est là parce qu’il y a des gens qui ne connaissent pas du tout la pièce et qui découvrent par morceau la pièce, qui sont intéressés parce qu’ils comprennent de quoi ça parle. Et il y a des gens qui connaissent très bien Hamlet et qui ne sont pas du tout déconcertés par le fait que ce soit une variation. J’enlève un peu l’histoire pour essayer de rentrer dans le mythe et dans le sens avec en plus avec les improvisations des acteurs. Il y a des gens qui préfèrent les parties plus shakespeariennes, d’autres qui préfèrent au contraire les parties plus contemporaines. Toute la scène des fossoyeurs est extrêmement drôle. Ce sont des fou-rires. On a une comédienne qui est un clown, Josette. Elle est extraordinaire. Elle vous parle de la mort avec ce rire du clown qui fait qu’on décomplexe beaucoup par rapport à l’idée de la mort. J’ai construit cela comme des voyages où vous allez réfléchir, puis après vous allez rire, et à un moment donné vous allez être ému. Ce ne sont pas du tout des spectacles monotones, ou une tragédie. Moi j’aime bien le mélange des styles et la variation dans le spectacle. Ça plait beaucoup aux spectateurs parce que c’est un vrai voyage et que, chaque séquence, c’est un genre théâtral différent, une atmosphère différente. C’est dynamique. Je suis pour un théâtre qui ne soit pas ennuyeux. Comme dirait Peter Brook, la mort du théâtre c’est l’ennui. Je refuse l’idée de faire du théâtre le jour où j’ennuierai les gens. Je fais tout pour que ce soit dynamique et jamais facile, au sens de l’humour facile. On a vraiment un retour public très bon sur ce spectacle.

DDV – Ma dernière demande, quelle est votre définition du bonheur ?

Cyril Cotinaut – D’être ici et maintenant, la conscience d’être là et maintenant. La clé du bonheur, c’est être dans la conscience très forte du présent.

Informations, Réservations, Billetterie spectacle Hamlet Requiem – Mise en Scène Cyril Cotinaut

Samedi 5 mars 2022 – 20H30

RÉSERVATION PAR TÉLÉPHONE AU 06 74 49 21 63
EN LIGNE : cddv-vaucluse.com/hamlet-requiem
Centre départemental de Rasteau
746 Route Du Stade
84110 Rasteau

 

 

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Interview Télématin - France 2 - Dans le cadre du Festival Shake Nice! au Théâtre National de Nice - Mars 2019
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