Froggy Delight / Critique de Laurent Coudol / Juin 2009

L'action de cette pièce, écrite en 1942 par Michel de Ghelderode, se déroule dans une école de bouffons du Moyen Age, terminant leurs études, avant de partir chercher fortune auprès des puissants. Cependant, avant de quitter cette école, ils cherchent à impressionner le maître au cours d'un dernier spectacle afin de tuer le père.

Le sujet, vu par les deux metteurs en scène, Cyril Cotinaut et Sébastien Davis, qui concourent au Théâtre 13 pour le Prix des jeunes metteurs en scène, consiste à s'interroger sur le rôle de l'enseignement dans le métier d'acteur. Y a-t-il une méthode meilleure qu'une autre, peut-on copier un maître, ou faut-il faire un choix entre plusieurs techniques pour s'approprier un rôle? Il n'y a pas de réponse à cette question, mais quelle que soit l'époque, comme dans chaque art, on peut identifier des courants. Aujourd'hui même, certains humoristes reconnus par le public voient leur style copié. Voire certains vont même jusqu'à créer un "comedy club".

La mise en scène de Cyril Cotinaut et Sébastien Davis laisse la part, dès le début, à l'improvisation, ou en tout cas prend des libertés avec le texte. Il s'agit d'une mise en scène dynamique, les acteurs déboulant dans les travées ou s'adressant aux membres du public. Souvent soutenue par des chansons, ou le jeu d'une guitare, la farce explorera aussi bien l'humour cruel que la bêtise vulgaire.

Quant aux acteurs, malgré un jeu inégal - inégalité sûrement due à des manières de jeu volontairement variées -, ils se sont beaucoup investis dans cette aventure et amènent une grande énergie à la pièce. Philippe Cotten, qui joue le rôle du maître Folial, s'y montre excellent, en particulier par sa capacité à se désarticuler tout en gardant un masque d'une grande austérité. Il est d'ailleurs dommage de le laisser dos au public une bonne partie du spectacle, assis au premier rang parmi les spectateurs, quand seuls ceux qui sont assis sur les côtés peuvent continuer à le voir faire des mimiques réprobatrices devant le spectacle que ses élèves lui offrent.

 

Laurent Coudol